Le concert d'Anna Ternheim le 23 février 2012 au Café de la Danse

Si l'Institut Suédois ne m'avait pas alerté, je serais passé à côté de ce formidable concert et je ne serai jamais trop reconnaissant à Virginie et Frédéric de nous avoir permis d'être , Linda et moi, deux des très privilégiés invités à cet événement parrainé par NOVA  que donne la chanteuse au Café de la Danse. Concerts complets, avec une file d'attente qui s'étend jusque et dans la rue de Lappe. L'ambiance promet d'être au rendez-vous.

A droite de la scène (pour nous qui sommes en face), un piano, à gauche en retrait un fauteuil confortable en cuir matelassé faisant pendant à un impressionnant chien du grand nord, des petits meubles qui servent de support ou de reposoir à divers instruments à corde, Anna Ternheim nous reçois, en "Night Visitor" dans l'intimité de son salon.

Pendant qu'elle s'accorde un quart d'heure de retard, ceux qui n'ont pas eu d'échos du premier concert de la veille ont le temps de s'interroger. Solo, pas solo ? Ne déclarait-elle pas dans l'excellent interview qu'elle a donné à Télérama  : "J'ai du mal à trouver des musiciens permanents, je suis viscéralement une artiste solo". Un début de réponse, elle entre seule en scène, blonde et toute menue, le visage un peu fatigué me semble-t-il mais radieuse et souriante.

Elle s'empare d'une des guitares sur scène pour interpréter Solitary Move puis What Remains? Dès les premières notes la magie opère. La voix est d'une légereté étonnante (alors qu'elle est plutôt rauque quand elle parle), le jeu de guitare parfaitement posé et l'on est comme transpercé par la sonorité de la chanterelle qui viens sonner pardessus les accords développés en en pizzicato comme le carillon échappé d'un beffroi. Une merveille de sonorité qui n'est obtenue que grâce à la qualité de la sono du Café de la Danse, décidément devenue de très haut niveau. Il y a tant de fusion entre la mélodie et les harmonies qu'il est impossible de dire si ce sont les unes qui sont au service de l'autre ou l'autre qui est écrite pour donner aux unes leur magnifique résonnance. On la disait pop, si l'on excepte son troisième album controversé "Leaving on a Mayday", je l'entends folk, avec peut_être, mais attendons un peu . .

Après quelques chansons et un changement de guitare qui nous fait découvrir une autre sonorité, elle s'installe au piano pour continuer, mais il n'y a pas les mêmes résonnances entre la voix et l'instrument, un peu sec . Un homme entre par le fond de la scène pendant qu'elle chante, passe devant le chien qui ne bronche, s'installe dans le fauteuil, se sert un verre de vin et allume une clope qu'il fume benoitement. Se rendant compte de sa présence Anna échange quelques mots avec lui et nous fait part de son immense plaisir de nous présenter son très excellent ami Dave Ferguson (auquel on doit l'enregistrement de l'album),  qui s'avance pour s'emparer de la contrenasse qui l'attend sur le devant de la scène à notre droite.

Ils chantent ensemble avec une grande complicité, l'un après l'autre ou ensemble, à l'unisson, en choeur ou en canon. Cette foi j'y suis, la couleur dominante de cette superbe session est country, du coeur de l'Amérique profonde, comme Nashville où l'album a été enregistré. Lui passe allègrement de la contrebasse à la mandoline ou à la guitare. Anna prend une boite d'allumettes, allume les trois bougies du chandelier, se sert un verre de vin et s'installe dans le fauteuil où elle fait mine de s'endormir pendant que Dave chante seul Baby's Gone (Jacques Clément) d'une voix grave et rocailleuse à souhait. S'approchant d'elle il lui réclame un verre, s'assied sur une chaise et ils pendant qu'ils continuent à chanter on les imagine devant un feu dans la cheminée qui manque au décor ! L'admiration sans borne d'Anna pour Johnny Cash nous a valu aussi un Beyound The Great Divide qui n'a pas été le meilleur moment du concert mais le duo a capella qu'ils nous ont offert en rappel a mis la salle debout dans une standing ovation spontanée plus que méritée.

Les photos du concert par Linda D.